Mon amie Anastasia me racontait que lorsque la Russie a envahi l’Ukraine, une brume s’est abattue sur la capitale ukrainienne. Cette brume ne se serait dissipée que le jour de la libération de Kyiv, comme si elle avait protégé la ville.

« La vie a repris à Kyiv», « La jeunesse dorée de Kiev tente d’oublier la guerre »… Les titres des journaux tentent de retranscrire une réalité que les mots ne peuvent capter. Parfois je me dis que les images non plus. 

Car les rues propres de la capitale cachent les fantômes des disparus et les terrasses pleines un soir d’été abritent mille sentiments contraires : «j’essaie d’oublier un peu », «faire la fête est un moyen de résister »…

Alors, pour raconter ce que cette ville, où j’ai vécu trois ans, est devenue, cette ville qui est ma ville de cœur, seule l’écriture poétique m’est apparue comme une solution.

Et peut-être que le lieu que je raconte à travers mes images est un double fantomatique de celui dont tant de gens parlent, un espace au-delà du réel..